La chute du Bi-Bop le téléphone portable de France télécom
0lors que le GSM entamait sa croissance inexorable, France Telecom décide de lancer (à contre-courant) son propre réseau de téléphonie mobile : le Pointel. L'opérateur historique baptise ses nouveaux téléphones Bi-Bop.
Moins chers ? (le prix de la minute de communication était 4 fois moindre que la concurrence), l'offre démarrait fort. Seulement les impératifs techniques comme se trouver à moins de 100 mètres d'une borne pour téléphoner, trouver l'endroit de la borne relai font que l'offre décline dès 1994. A peine lancé Bibop est déjà concurrencé par la norme GSM, plus moderne ce réseau numérique ne coupe pas lorsque nous étions en mouvement. Ce "détail" signera l'avortement du Bi-Bop ...
Actuellement les Bi-Bop se trouvent rarement sur les sites de ventes en ligne mais il est courant de les trouver pour une dizaine d’euros. Nul doute que cela ne va pas durer, le nombre d'appareil commercialisé et son "bide" commercial devrait rapidement en faire une pièce emblématique de tout Mobilophile ;o)
Article de presse de l'époque qui résume bien l'avortement du Bibop
Les sages relèvent de ruineuses erreurs dans la gestion de France Télécom. L'entreprise a très mal abordé le projet Visiopass et l'aventure de la téléphonie mobile.
De 4 à 5 milliards de francs de pertes en dix ans. Un fiasco. La Cour des comptes ne ménagera pas, dans son prochain rapport annuel - rendu public dans quelques jours - deux aspects de l'activité de France Télécom: le programme Visiopass et la téléphonie mobile. Même si, note optimiste, tout de même, la situation de France Télécom reste florissante, avec un bénéfice proche de 10 milliards de francs.
La gestion défectueuse du programme Visiopass. Ce système, qui permet à un abonné, grâce à un décodeur, d'avoir accès à certaines images de télévision, a été lancé il y a six ans. A l'époque, les initiateurs de Visiopass voient grand. Ils écrivent, en effet, dans un document prospectif élaboré le 13 novembre 1989: «Le résultat annuel [de Visiopass] deviendra positif au bout de trois ans; le résultat cumulé, au bout de six ans. (...) Le taux de rentabilité interne de l'opération sera de 24,8% par an.» Et les auteurs d'assurer qu'en 1994 Visiopass comptera 768 000 terminaux, dont 678 000 en location. Or, constatent aujourd'hui les limiers de la Rue Cambon, «aucune de ces estimations n'a été confirmée par les faits».
Deux chiffres sont, à cet égard, éloquents: de 1989 à 1996, les dépenses consacrées au programme Visiopass devraient atteindre 1,5 milliard de francs, alors que les recettes ne dépasseront pas 264 millions. D'où cette conclusion de la Cour: «Il est permis de s'interroger sur l'opportunité pour France Télécom d'avoir entrepris lui-même le développement et la commercialisation d'un décodeur. Cette activité, s'exerçant dans un secteur ouvert à la concurrence, (...) aurait dû être retracée dans un véritable centre de résultat, éventuellement sous la forme d'une filiale.»
La téléphonie mobile. Ce secteur, enjeu capital pour France Télécom (chiffre d'affaires: 3 milliards de francs en 1994), s'est développé successivement, à partir de 1985, avec Radiocom 2000, puis, en 1992, avec Itinéris et le téléphone de poche citadin, Bi-Bop. Pour l'essentiel, cette activité est gérée par deux services de France Télécom: FTMRT (France Télécom mobiles radio téléphone), chargé de Radiocom 2000 et d'Itinéris; FTMP (France Télécom mobiles Pointel), responsable de Bi-Bop.
Une fois encore, le constat est sans appel: il n'existe «aucune transparence comptable et financière [pas plus] qu'une concurrence loyale entre les opérateurs».
Seule solution pour remédier à cette carence: une filialisation des activités de téléphonie mobile. Elle seule, selon la Cour, assurerait une plus grande clarté des comptes et une transparence authentique nécessaire à un marché concurrentiel.
Autre reproche à l'adresse de France Télécom: son incapacité à maîtriser le déficit (faramineux) de cette activité. Celui de Radiocom 2000 et d'Itinéris s'élevait à 1,2 milliard en 1993 et à 870 millions en 1994; celui du Bi-Bop à 154 millions en 1993 et à 215 en 1994. En dix ans, depuis le lancement de la téléphonie mobile, France Télécom aurait donc perdu 4,4 milliards!
Le recouvrement des impayés
Il n'empêche. Ses dirigeants - interrogés par la Cour - se montrent résolument optimistes, affirmant atteindre l'équilibre d'exploitation dans les années 1996-1997.
Cet objectif est quasi impossible à atteindre, rétorque la juridiction. Pour deux raisons: d'abord, parce qu'avec l'apparition de nouveaux produits sur le marché Radiocom 2000 va voir le nombre de ses abonnés diminuer; ensuite, parce que, en raison de l'ouverture d'un deuxième réseau de téléphone mobile (GSM) et d'un troisième à plus ou moins brève échéance, France Télécom sera contraint d'augmenter ses coûts de publicité, déjà fort élevés (11% du chiffre d'affaires de Radiocom 2000 et d'Itinéris, 15% pour Bi-Bop). A cela s'ajoutent diverses charges - énormes - comme les frais engagés pour le recrutement d'un abonné ou le recouvrement des impayés. Bref, malgré les efforts entrepris, si le nouveau patron de France Télécom, Michel Bon, veut effectivement retrouver l'équilibre dans les deux branches, il devra prendre encore des mesures drastiques
ARCEP).
Le Bi-Bop désigne un terminal mobile de radiocommunication téléphonique, ainsi que le réseau spécifique de bornes radio sur lesquelles il peut communiquer. Le Bi-Bop
Le réseau Bi-Bop n'a été que peu développé : les villes pilotes étaient Paris, Lille et Strasbourg ainsi que leurs banlieues. Le réseau a été déployé progressivement, et au début de nombreuses zones blanches existaient. Toutefois à Paris, il était possible de trouver une borne à moins de cinq minutes de marche à pied.
Performances commerciales
Le lancement commercial a eu lieu le 26 avril 1993, et pendant les premiers mois de sa vie ce produit connut un succès certain. France Télécom visait initialement 500 000 abonnés pour la fin 1995, mais les prévisions ont été revues à 300 000 du fait de la concurrence des téléphones GSM qui faisant également leur apparition à cette époque. Lors de la fermeture du réseau en 1997, le parc contenait encore 46 000 abonnés.
L'argument commercial de France Télécom était principalement le prix du Bi-Bop : 1 890 francs pour le terminal, avec un abonnement à 54,50 francs par mois avec une communication à 0,83 francs par minute. C'est à dire quatre fois moins cher que la téléphonie mobile d'alors. Parmi les usages prévus, en dehors des particuliers, France Télécom comptait sur les professionnels (médecins, coursiers, artisans, etc), ceux-ci ayant besoin d'être joignables toute la journée.
Malgré cela, dès 1994 le Bi-Bop avait du mal à faire face aux avantages de la téléphonie GSM : la faculté de téléphoner en se déplaçant, et pouvoir être joint en tout lieu.
Les ventes déclinèrent progressivement, en conjugaison avec un réseau qui était de plus en plus complexe à déployer (le coût d'installation d'une borne étant prohibitif et soumis à de nombreuses contraintes).
L'arrêt de la commercialisation du Bi-Bop a été décidée en 1996, puis le réseau a été fermé à la fin de l'année 1997. Une offre préférentielle de bascule sur les GSM (Itineris) a permis aux abonnés de conserver l'usage d'un téléphone mobile s'ils le souhaitaient.
À partir de la fin des années 90, les téléphones portables sont devenus un véritable vecteur d’innovation, qu’il s’agisse de mobilité ou de haute technologie en général. Certains modèles ont contribué à la création de nouvelles normes et de nouveaux modes de communication sans fil.