Article de presse les échos sur le BiBop par lilian MORER mobilophiles
Le Bi-Bop, pionnier du mobile pour tous.
19/07/10 - 01H11 - Les Echos - actualisé à 10:06:15
Il n'a jamais dépassé les 130.000 abonnés. Pourtant, avec ses petits combinés et ses formules d'abonnement abordables, le Bi-Bop a permis à la téléphonie mobile de toucher les particuliers.
Pour téléphoner avec un Bi-Bop, il fallait se trouver à proximité (moins de 300 mètres) d'une antenne relais.
Le 14 avril 1993, Philippe Meyer, alors « chroniqueur matutinal » sur France Inter, consacrait son billet d'humeur au lancement par France Télécom du Bi-Bop, le premier téléphone portable grand public français. « Vous vous imaginez au restaurant, au cinéma, chez votre crémier ou dans la rue, environné d'écervelés qui […] se font appeler à tout instant […] ? D'ici l'an 2000, d'ici moins de huit ans, il est prévu un million d'abonnés. Un million de porteurs d'appareils susceptibles de striduler à n'importe quel moment, n'importe où et pour n'importe quoi. »
Ces prédictions étaient fausses : d'abord, fin 2000, il y eut en France non pas un, mais 29,7 millions d'abonnés au téléphone mobile ! Ensuite, aucun de ces abonnés ne possédait de Bi-Bop. Le service a été arrêté par France Télécom en 1997. L'appareil doté d'une bonne bouille avec son extrémité arrondie, son clapet et sa petite antenne rétractable, était trop limité techniquement. Il n'a pas résisté à la déferlante du GSM.
Conçus pour durer
France Télécom avait pourtant vu les choses en grand. Entre 1993 et 1997, l'entreprise aurait investi 600 millions de francs (91,5 millions d'euros) dans la commercialisation de ce produit et le déploiement de ses antennes relais. Ces équipements avaient été conçus pour durer : dans les rues de Paris, on trouve encore des poteaux entourés de bandelettes bleues, blanches et vertes. Ces repères indiquaient la proximité d'une antenne relais Bi-Bop. Une information primordiale car, pour téléphoner, il fallait rester dans un rayon de 300 mètres autour de la borne. « A cause d'un problème de colle, les premières bandelettes tombaient, se rappelle Jacqueline Madier, alors responsable du marketing et de la vente du Bi-Bop et aujourd'hui directrice Europe du marketing clients pour les offres services du groupe Orange. Nous avions donc lancé un appel d'offres pour trouver un fournisseur qui produise une colle plus efficace. Nous avions dû faire le bon choix, puisque cet adhésif tient toujours ! »
Matériellement, c'est tout ce qui reste du Bi-Bop, plus quelques combinés que des aficionados utilisent encore chez eux comme téléphone sans fil domestique. Mais sur le plan commercial et marketing, l'aventure de ce petit appareil a laissé de nombreuses traces : elle fut extrêmement riche d'enseignements pour France Télécom, et, par extension, pour le développement du marché français de la téléphonie mobile.
Des appels difficiles à recevoir
Tout a commencé en Grande-Bretagne en 1989, lorsque le gouvernement britannique attribua quatre licences pour des réseaux de télécommunication sans fil utilisant la norme de communication CT-2 (également appelée « Telepoint »). Le principe des réseaux CT-2 s'apparentait à celui des téléphones sans fil de maison ou de bureau : si l'on s'éloignait trop de la borne, la communication coupait. Les premiers appareils ne permettaient même pas d'être appelé, mais seulement de passer un appel. Quatre réseaux Telepoint ouvrirent en Grande-Bretagne, et d'autres furent lancés aux Pays-Bas, en Finlande ou à Hong Kong. Mais partout, leur durée de vie fut brève, pour deux raisons principales : la baisse des coûts des appels sur les réseaux sans fil analogiques et, surtout, l'apparition des réseaux sans fil numériques (GSM).
C'est dans ce contexte que France Télécom décide en octobre 1991 d'expérimenter un réseau Telepoint sur Strasbourg. Les résultats sont suffisamment encourageants pour que le Bi-Bop soit lancé à Paris en avril 1993. Lille, la banlieue parisienne et quelques lieux de villégiature comme Le Touquet-Paris Plage suivent. France Télécom enregistre jusqu'à 130.000 abonnés, mais le réseau est fermé fin 1997. « L'échec du Bi-Bop eut deux principales raisons, estime lilian Morer, qui dirige le site Mobilophiles.com, destiné aux collectionneurs de téléphones mobiles. D'abord, il était difficile de recevoir un appel, même lorsque ce service fut proposé plus tard et, ensuite, le "handover" (transfert automatique d'une antenne à une autre) n'existait pas : il était impossible de poursuivre une communication en passant de borne en borne, comme avec les appareils GSM. »
« Je ne parlerai pas d'échec pour le Bi-Bop, nuance Jacqueline Madier. Après tout, ce fut, en France, le premier téléphone mobile grand public. Il nous a permis de réaliser plusieurs percées marketing. » La distribution, notamment, fut innovante avec les premières commercialisations indirectes, en dehors des agences France Télécom, dans des grands magasins comme les Galeries Lafayette ou le Printemps. « Une de nos rares erreurs fut le lancement d'un coffret Bi-Bop cadeau, à offrir à ses proches, admet Jacqueline Madier. Le marché n'était pas mûr. » Aujourd'hui, qui songerait à offrir un téléphone portable ? Tout le monde, ou presque, en possède un : 59,8 millions de mobiles sont utilisés en France.
Merci à Mr JACQUES HENNO, des Echos de nous avoir cité dans son article ...