le Bi-bop téléphone portable de France télécom Bi-Bop téléphone de collection
Comme tous les grands précurseurs, le Bi-Bop est un incompris, un oublié de l’histoire. Peu d’esprits clairvoyants mettront une gerbe sur la tombe du défunt téléphone de France Télécom, pourtant parti vers d’autres cieux en 1998. La mémoire est cruelle pour les téléphones à clapet.
Sacré objet que ce Bi-Bop. Lancé en 1993 à Paris, Lille et Strasbourg, le téléphone, vendu autour de 2000 francs, fonctionnait un peu sur le principe des bornes wi-fi actuelles : il fallait se situer dans un rayon de 300 mètres d’une borne signalée par un autocollant bleu-blanc-vert du plus bel effet pour pouvoir passer un appel avec cette espèce de grosse calculette noire. Et prendre l’option Be-Bop Réponse payante si on voulait pouvoir de faire appeler. Pas super pratique, en fait, d’autant qu’on ne pouvait passer d’une borne à l’autre sans que la communication soit coupée.
France Télécom avait conçu ce service comme une passerelle, un échelon intermédiaire pour "éduquer" le grand public avant de le lancer dans le grand bain de la «vraie» téléphonie mobile, sur réseau GSM. Objectif : un million d’utilisateurs en l’an 2000, avec un seuil de rentabilité fixé à 150 000. Apple avait même dans ses cartons un PowerBop, capable de se connecter sur le réseau Bi-Bop et donc de recevoir des fax. Il ne reste aujourd’hui qu’une petite dizaine de ces pièces de musée.
Dans ses meilleures années , le Bi-Bop, rapidement distancé par un GSM plus simple, plus performant et moins cher, il ne dépassera jamais les 90 000 clients. France Télécom stoppe les campagnes de pub, puis la distribution. FT arrête finalement les frais en coupant définitivement le réseau en octobre 1998. Croyez-le ou non, Il restait encore 20 000 "psychopathes" à utiliser le Bi-Bop. Histoire de faire passer la pilule, FT offre un avoir de 500 francs sur les futures communications Ola de l’utilisateur.
L’instant lacrymal passé, vient le temps des chiffres. Et là, c’est nettement moins drôle. La «cabine téléphonique portable» laisse derrière elle une sacrée ardoise, pointée dans un rapport confidentiel de la Cour des comptes : 430 millions de francs de pertes sur les deux premières années d’exploitation, 600 millions de francs investis en tout en pure perte par France Télécom, dont 40 millions de pub pour relancer le service après des débuts ratés.
C'est la première fois de l'histoire des télécoms en France qu’un réseau est purement et simplement fermé. Les ingénieurs français avaient voulu faire les malins en choisissant cette norme au détriment de la norme européenne GSM, que quasiment tous les opérateurs lançaient à l’époque. Une tentative britannique similaire, le Rabbit, avait connu la même fin tragique, mais FT estimait que les Rosbifs s'y étaient pris comme des manches. Sacrés Techos.